Dès les premières notes, Hamada Maron nous entraine dans son rythme swing. On virevolte, on se balance au son du piano et du saxophone. Du jazz à la décadence, la chanteuse nous mène dans son monde de cabaret de l’ère Shôwa.
Swing jazz et fruit défendu
« Watashi no Pistol » est un morceau écrit et composé par John Kurosaki. Le compositeur a travaillé avec de nombreux artistes dont Bed In et Seth de Moi Dix Mois. Son titre, « Watashi no Pistol », est sorti une première fois sur un single de Hamada Maron le 8 juin 2011 puis sur son premier album, Furyô Shôjo Elegy, le 6 juin 2012. Il se place dans le revival du Jazz Shôwa (1940–1950), mouvement dont font partie Ego-Wrappin’ et Sheena Ringo en partie.
Les premières phrases de « Watashi no Pistol » rappelle étrangement le morceau écrit par Francis Lai pour le film Un homme et une femme. Quant aux paroles, elles se basent sur une métaphore sexuelle souvent utiliser au Japon : le pistolet. D’ailleurs le rythme donné à la musique et le placement de la voix donne une impression de coups de butoir, parfaitement à propos avec le thème du morceau.
Club de jazz ou militaire décadent ?
« Watashi no Pistol », c’est aussi deux clips. Le premier a été tourné pour le single, le second pour l’album. La rousse ou la brune ? Tentation ou décadence ?
Le clip du single a été filmé au Tokyo Kinema Club. Hamada Maron y apparaît coiffée d’une choucroute rousse et vêtue d’une petite robe noire. Elle étreint une guitare dont elle ne tire aucune note. Le clip alterne entre plan de concert sur scène et Hamada assisse soit avec un pistolet, soit avec sa guitare rouge, soit écrasant une tomate, soit câlinant un cheval de manège. Cette version de clip est celle reprenant le plus d’éléments tirés des paroles, même s’il reste soft.
Pour le clip version 2012, Hamada Maron a cette fois une coupe au carré, brune. Il alterne entre plan en chanteuse de cabaret et plan en habit d’officier nazi. Pour les plans cabaret, ils sont en noir et blanc. Les plans nazis sont en couleur. Pistolet, katana, cigare sont les éléments de la métaphore sexuelle de cette version. Vu l’utilisation d’un uniforme nazi, la question se pose d’une référence au film Le Portier de Nuit et/ou à l’univers de Suehiro Maruo ?
Les deux clips se terminent par un suicide, avec le pistolet pour la première version et avec du poison pour la deuxième version. Suicide ? Pas tout à fait. Les deux versions révèlent à leur manière que la jeune femme est bien vivante. Ici la mort serait donc une petite mort, un orgasme comme sous-entendu dans le dernier vers de la chanson.