Spell Magic, les débuts d’une cerise fondante

7 minutes

En 2007, un groupe incon­nu entame une tour­née des live­houses japo­nais. Que les salles soient pleines ou vides, ils jouent leurs quatre chan­sons. L’une d’entre elle est « Spell Magic », la chan­son qui défi­ni­ra le concept d’Acid Black Cherry. D’ailleurs, elle sera la pre­mière à sor­tir en single en juillet 2007 et elle y sera accom­pa­gnée de son clip. Le mor­ceau et son clip montrent une autre par­ti­cu­la­ri­té d’Acid Black Cherry : les musi­ciens de concert ne sont pas for­cé­ment ceux de l’en­re­gis­tre­ment qui eux-mêmes ne sont pas for­cé­ment ceux du clip. 

Pour « Spell Magic », Sugizo à la gui­tare, Shuse (La’cryma Christi) à la basse, et Kozo Suganuma à la bat­te­rie ont assu­ré l’en­re­gis­tre­ment stu­dio. De son côté, le clip pré­sente Chisato (Penicillin) et Akihide (Breakerz) à la gui­tare, Shuse (La’cryma Christi) à la basse, et Jun-ji (Siam Shade) à la bat­te­rie. D’ailleurs, à pro­pos du clip, son tour­nage a eu lieu entre le 4 et le 11 juin 2007. C’est-à-dire à la fin de la tour­née secrète (le trou dans le plan­ning des concerts dans les live-house n’é­tait pas fortuit).

Une Histoire de magie dans un clip

Le clip de « Spell Magic » marque la pre­mière pierre d’un concept de clips éta­bli par Yasu. En effet, le chan­teur fait par­tie des artistes vou­lant que ses clips racontent une his­toire. Les clips pré­sen­tant une suite de plans sur les musi­ciens en train de jouer ne l’in­té­ressent pas. 

Premier clip, l’histoire d’une audition

Ici, ce pre­mier clip raconte les débuts de ce groupe Acid Black Cherry. La pre­mière par­tie de l’his­toire a été écrite IRL par un Yasu ayant refu­sé de faire de la publi­ci­té pour son nou­veau pro­jet en uti­li­sant sa renom­mée de lea­der du groupe Janne Da Arc. Lui et ses com­pères avaient donc écu­mé les live­house japo­nais comme un groupe indé venant de com­men­cer sa car­rière musi­cale, ain­si que lui-même l’a­vait fait lors des débuts de Janne Da Arc. 

Le clip est donc l’é­tape sui­vant de la tour­née des live­houses : les audi­tions pour inté­grer une mai­son de disque. Les membres d’Acid Black Cherry se pré­sente chez Avex habillé comme des ota­kus : lunettes, che­mises à car­reaux, etc. Yasu va même prendre une pho­to des membres du jury comme la cari­ca­ture d’un tou­riste asia­tique en visite à l’Étranger. Le jury est com­po­sé du direc­teur du dépar­te­ment Recherches et Développement et de ses deux assistants. 

La Magie opère

Alors que le jury est dépi­té par l’ap­pa­rence et le com­por­te­ment du groupe, dès que les pre­mières notes résonnent, ils tombent sur le charme. Le son est lourd, per­cu­tant. Pour sym­bo­li­ser ce res­sen­ti, le mon­tage alterne entre plans « ota­ku » et plans « rock ». Dans les plans « rock », ABC nous envoie dans un décor de club baroque, cha­leu­reux avec un lustre en crys­tal, des divans rouges aux volutes d’or imi­tant le damas­sé, des ten­tures de velours rouge. Les lunettes et les che­mises à car­reaux ne sont alors plus. Les musi­ciens sont tous vêtus de noir, les yeux our­lés de khôl. Ils sont sexy. Le chan­teur dégage même une puis­sance sexuelle qui conquière le cœur de l’as­sis­tante. L’assistant voit son corps s’a­ban­don­né au rythme effré­né de la musique d’ABC. La musique de Yasu prend aux tripes.

Retour à la froi­deur de la salle d’au­di­tion. Après un ins­tant de sidé­ra­tion, les applau­dis­se­ments et congra­tu­la­tions fusent. La cerise a retour­né le jury comme une crêpe. Ils seront signés. 

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Acid Black Cherry dit ABC

Spell Magic, en tant que pre­mier mor­ceau d’Acid Black Cherry, se veut une défi­ni­tion du groupe. D’ailleurs les pre­mières paroles sont :

I will teach the words that dis­pel the tedious time.
The magic word is « ABC ».

Pour les non-anglo­phones :
« Je t’ap­pren­drai les mots qui dis­si­pe­ront les moments fas­ti­dieux.
Le mot magique est « ABC ». »

Un Abécédaire de drague

Mais que veulent donc dire ces ini­tiales sur lequel le nom du groupe a été créé ? Ils pro­viennent d’un acro­nyme usi­té au Japon et basé sur des méta­phores sexuelles du base­ball amé­ri­cain. Après la Seconde Guerre mon­diale, les Américains se réfé­raient aux diverses bases d’un match pour décrire les phases menant à l’acte sexuel. La pre­mière base est le bai­ser à la fran­çaise, la seconde le pelo­tage, la troi­sième est le sexe oral, le home run la péné­tra­tion. Au Japon dans les années 80, ce concept a été repris avec les lettres de l’al­pha­bet romain et en fusion­nant la troi­sième base et le home run : A le bai­ser, B le pelo­tage et C le sexe.

Pour Puceau

Le choix du mot Cherry, cerise, n’est pas non plus ano­din. Il est empreint de conno­ta­tions d’ordre sexuel. Outre Yasu se réfé­rant à ses tétons comme des cerises, cher­ry désigne la vir­gi­ni­té dans l’argot anglais. Même en France et au Québec, lorsqu’il est ques­tion de cerise, il est ques­tion de perdre sa vir­gi­ni­té.

Je vous dis comme aus­si vrai que l’Évangile que les jeunes filles ne doivent jamais man­ger des cerises en jouant à « qui aura la der­nière » avec leurs amou­reux : car il arrive sou­vent que celui qui a la der­nière demeure à marier le der­nier de tous.

Les Évangiles des Quenouilles, le sei­zième chapitre.

Et quelle com­mu­nau­té à la répu­ta­tion d’être d’in­dé­crot­tables puceaux ? Les Geeks/Otakus.

L’Âme d’un Otaku

Si Yasu a choi­si un ota­ku plu­tôt qu’une autre « com­mu­nau­té » per­çue néga­ti­ve­ment par la socié­té, ce n’est pas pour faire dans la faci­li­té mais pour une ques­tion de contraste et d’au­to­dé­ri­sion. En effet, Yasu est un ota­ku, un geek, un pas­sion­né de jeux vidéos.

Un Gamer

Lorsqu’il était enfant, la seule chose qu’il vou­lait pour son anni­ver­saire était des jeux pour NES. Malheureusement, sa famille n’é­tant pas riche, il devait se conten­ter que d’une seule car­touche par an. Et pour choi­sir par­mi tout ce qui exis­tait, son cri­tère, et aus­si celui de son grand frère, était l’illus­tra­tion de la jaquette. Quand il a pu se payer lui-même ses jeux, il essaie de les ache­ter dès le jour de sor­tie. C’est ain­si que durant l’une des sai­sons de la tour­née « Shangri-la », à peine arri­vé dans une des villes de concert, il a fon­cé direc­te­ment dans une bou­tique pour ache­ter Monster Hunter sui­vi de près par ses musi­ciens support.

Musique et Jeux vidéo

D’ailleurs, en 2008, l’é­quipe de Monster Hunter a fait appel à Yasu pour le desi­gn d’une édi­tion limi­té d’un gun­lance. Mais contrai­re­ment à d’autres groupes, son inté­rêt prin­ci­pal n’est pas l’argent pour ce genre de col­la­bo­ra­tion. Il aime tel­le­ment Monster Hunter que sa chan­son « Dragon Carnival », issue de l’al­bum Black List, est basé sur l’u­ni­vers du jeu. Il en va de même pour Devil May Cry. Yasu en est un grand fan. Il a écrit trois chan­sons sur ce jeu dont il avait choi­si comme titre pro­vi­soire « Devil », « May », « Cry ». Ces trois chan­sons sont pré­sentes sur les albums après un retra­vail pour col­ler aux concepts qu’il avait choi­sis. Ainsi, les chan­sons pro­vi­soires sont deve­nues res­pec­ti­ve­ment : « Murder Licence » (Black List), « Code Name « Justice » » (Q.E.D.) et « Jigsaw » (Q.E.D.). Mais sa seule chan­son ayant ser­vi dans un jeu vidéo est « Re:birth », thème du jeu Another Century’s Episode : R en 2010.

Et pour la petite his­toire, bien que Yasu connaisse Shuse, le bas­siste auquel il fait appel, ancien de La’Cryma Christi, depuis plus de 15 ans, c’est par le chat de Monster Hunter qui lui a deman­dé de l’ai­der dans son pro­jet solo.

2 réflexions sur “Spell Magic, les débuts d’une cerise fondante”

  1. Ping : Spell Magic, une cerise dans le bâtiment d'Avex - Délices et Férocités

  2. Ping : Spell Magic, d'humides jaquettes - Délices et Férocités

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