En 1991 eut lieu un tremplin au livehouse Music Farm de Nagoya. Parmi les participants se trouvaient Garnet et Geracee. Peu après Shin, guitariste de Geracee, appela Kiyoharu, chanteur de Garnet. « Avec moi, à la guitare, toi au chant, on va conquérir le Japon ».
C’est ainsi que naquit Kuroyume, un rêve qui a englouti le Japon.
Ni Dieu ni Rêve
Kiyoharu dissolut Garnet. Puis, accompagné de son batteur Eiki et de son bassiste Hitoki, il rejoignit Shin pour créer 黒夢 (Kuroyume : le rêve noir). Alors qu’au Japon la mode à l’époque était à l’usage de l’alphabet romain pour les noms de groupe et les pseudonymes des musiciens, chez Kuroyume, ils prirent le contrepied : tout en kanji. Le nom du groupe, 黒夢 signifiait pour eux « 夢とか神というものは存在しない » (il n’existe ni dieu ni rêve). Bien que cela ressemble à la devise anarchiste reprise par les punks (« ni Dieu, ni maître »), pour Kuroyume, cela n’était pas une question de rapport à l’autorité mais d’acceptation de la réalité.
Embrasser la réalité pour la rendre prospère.
Le Papillon noir étend ses Ailes
En 1993, Eiki quitta le groupe. Il fut remplacé par Hiro. La même année, Kuroyume reçut plusieurs propositions de contrat. Extasy records (le label de Yoshiki), Toshiba-Emi et Sony Music. Leur choix se porta sur Toshiba-Emi chez qui ils resteront jusqu’en 1999. Le premier single en major sortit alors le 9 février 1994. Un an plus tard, en plein enregistrement de l’album Feminism, Shin disparut. Malgré cette perte, Kuroyume gagna le Best 5 new artist award. L’album, lui, se classa 1er du Top Oricon et les suivants atteignirent aussi les plus hautes marches.
Kuroyume s’envola, pourvu plus que de deux ailes.
Les Rêves sont éphémères
Mais les choses commencèrent à s’envenimer un an après leur début en major. Hitoki s’étant marié, il voulait privilégier sa vie de famille. Avec le succès et les tournées, il avait de plus en plus de mal à passer du temps avec eux. À l’opposé Kiyoharu en voulait toujours plus pour le groupe : de plus grandes salles, plus de ventes d’albums, etc. Deux visions différentes de l’avenir et de la vie. La mésentente fut telle que les deux musiciens ne se parlaient plus, n’allaient plus aux répétitions ensemble et chacun allait aux enregistrements de son côté. En 1998, Hitoki finit par annoncer qu’il arrêtait le groupe juste avant le début d’une nouvelle tournée.
Le 29 janvier 1999, Kuroyume se mit alors en sommeil.
Un Second Envol pour un Songe
Puis pile dix ans après, Kuroyume se réunit pour un concert d’anniversaire au Nippon Budôkan. Hitoki commença alors à parler de reformation du groupe. De son côté, Kiyoharu, pour qui un groupe est comme un mariage, n’était absolument pas chaud pour remettre le couvert. Pour lui, ce concert anniversaire était un concert de séparation du groupe. Hitoki finit par le convaincre et en 2010 le groupe se reforma. L’année suivante, ils signèrent chez Avex. La reprise ne dura que peu. Le 29 janvier 2014, le groupe annonça un nouvel arrêt après une dernière tournée. Suite à des imprévus, cet arrêt fut officialisé le 6 septembre 2015.
Un rêve doit parfois ne rester qu’un rêve.
Oups les Impôts…
Le 9 septembre 2016, un an après la mise en sommeil de Kuroyume, l’administration fiscale tokyoïte annonça la vente aux enchères de quatre noms de marque lié à Kuroyume. En effet, Full Face Record avait fait faillite suite à un défaut de paiement des impôts. Le droit des marques faisant partie des actifs de l’entreprise, il fut mis en vente tout comme le reste des actifs de la société. Les enchères étant publiques, Kiyoharu et Hitoki faisaient face au risque de perdre ces marques et par là-même d’être empêchés de se produire de nouveau sous le nom de Kuroyume et même de ré-éditer d’anciens albums. Heureusement un membre de l’équipe du chanteur réussit à racheter les marques en son nom propre. Plus de 15000 euros pour 黒夢 et plus de 1000 euros pour les autres.
Ainsi le rêve noir peut reposer en paix.