Behemoth : In Absentia Dei

17 minutes

En jan­vier 2020, le Coronavirus s’é­tait abat­tu sur le monde. Un à un les pays se sont alors confi­nés. Les fron­tières ont été fer­mées, les ras­sem­ble­ments inter­dits. Neuf mois après, les concerts en lieu clos étaient tou­jours ban­nis. À tra­vers le monde, musi­ciens et public étaient en manque. Chacun essayait de trou­ver une solu­tion pal­lia­tive. Le 5 sep­tembre 2020, Behemoth a alors pro­po­sé la sienne : In Absentia Dei.

Le pro­jet com­pre­nait deux par­ties. Pour com­men­cer, une pre­mière par­tie s’est dérou­lée sur Facebook et Youtube, un live strea­ming gra­tuit d’un concert enre­gis­tré d’Imperial Triumphant pré­cé­dé d’une pré­face. Ensuite, la seconde par­tie payante a lieu sur un site mis spé­cia­le­ment en place par l’é­quipe de Behemoth. Cette seconde par­tie était une cap­ta­tion en direct d’un concert du groupe polonais.

 

 

Deus ex machina

In Absentia Dei dans son inté­gra­li­té, c’é­tait près de deux heures de spec­tacle. Le pré-show a duré une heure dont qua­rante-huit minutes de concert pour Imperial Triumphant fil­mé au caba­ret Slipper Room à New York. Les douze autres minutes étaient la pré­face com­po­sée d’un mini docu­men­taire sur l’or­ga­ni­sa­tion du concert de Behemoth. Le show en lui-même a duré une heure qua­rante-huit et a été fil­mé en 4K. À ce jour, il s’a­git du plus long concert de Behemoth, Nergal a repous­sé les limites de sa voix. Par ailleurs ce n’é­tait pas qu’un concert, les membres du groupe l’ont qua­li­fié de « live cine­ma­tic event ». Pour eux, vision­ner un simple concert fil­mé n’é­tait pas suf­fi­sam­ment inté­res­sant. Ils sou­hai­taient pro­po­ser un for­mat avec une plus-value.

La Machinerie

Pour la mise en place du show, In Absentia Dei a néces­si­té plu­sieurs semaines de pré­pa­ra­tion et 40–50 per­sonnes. À l’o­ri­gine, Nergal sou­hai­tait jouer en pleine nature dans une ambiance nor­dique. Après réflexion, il s’est fina­le­ment tour­né vers une église dans laquelle ils avaient déjà tour­né un clip. Entre-temps, celle-ci avait chan­gé de pro­prié­taire et ils ont eu de la chance que celui-ci soit par­tant mal­gré l’am­biance anti-blas­phème sévis­sant actuel­le­ment en Pologne. Située à Pisarzowice, cette église du XIIe siècle aban­don­née en 1945, mais tou­jours consa­crée, a la par­ti­cu­la­ri­té de ne jamais avoir été trans­for­mée en lieu de concert ou d’ex­po­si­tion. Dans le docu­men­taire du pré-show, Nergal se réjouis­sait déjà que cela puisse éner­ver les oppor­tu­nistes et les catho­liques intégristes.

 
 
 
 
 
Voir cette publi­ca­tion sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publi­ca­tion par­ta­gée par Behemoth Wolfpack (@behemoth_wolfpack_official)

Tourner dans ce genre de lieu, qui plus est avec une retrans­mis­sion live sur inter­net, est un chal­lenge cer­tain. Plus pré­ci­sé­ment, il ne faut pas de cou­pure d’i­mages ou de sons ni de latence, les enchaî­ne­ments entre les plans en direct et enre­gis­trés doivent être fluides et faire illu­sion. Behemoth a cor­sé l’af­faire en pro­po­sant aux spec­ta­teurs d’a­voir accès aux huit camé­ras pour faire leur propre mon­tage en direct. Pour cela, le groupe est pas­sé par l’en­tre­prise fran­çaise Omnilive. Non seule­ment il faut que tout se déroule bien au niveau scé­no­gra­phique pour les musi­ciens, mais aus­si qu’il n’y ait pas d’ac­ci­dent pour les artistes invi­tés. D’ailleurs entre la sus­pen­sion et les artistes de feu, le risque d’ac­ci­dents en plein direct s’accroît.

Les Artistes

À pro­pos des artistes pré­sents en plus du groupe et de son équipe tech­nique, cer­tains ont vu leur pres­ta­tion fil­mée en amont pour les ciné­ma­tiques, d’autres en simul­ta­née avec le concert. Ces artistes se répar­tis­saient en trois groupes : un groupe d’ar­tistes du feu, un groupe de sus­pen­sion et un groupe de cavaliers.

Pour toute la par­tie artistes du feu, Behemoth a fait appel à Egnima-Art, une troupe polo­naise d’a­cro­bates et de pyro­tech­ni­ciens. Ils sont inter­ve­nus à plu­sieurs reprises lors du concert, que ce soit avec une tra­pé­ziste ou des manieurs de feu.

 
 
 
 
 
Voir cette publi­ca­tion sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publi­ca­tion par­ta­gée par D.Szermanowicz (@sherman13)

Pour la per­for­mance de sus­pen­sion, Behemoth a confié le numé­ro à Altered States Suspension. Les membres de la troupe inter­ve­nant dans le live étaient une femme sus­pen­due, un pier­ceur et ses deux assis­tants, tous polo­nais. Cette per­for­mance a valu une inter­dic­tion de vision­nage au moins de 18 ans.

 
 
 
 
 
Voir cette publi­ca­tion sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publi­ca­tion par­ta­gée par D.Szermanowicz (@sherman13)

Le tra­vail avec les che­vaux a été confié à Apolinarski Group. La com­pa­gnie est spé­cia­li­sée dans les cas­cades à che­val et la recons­ti­tu­tion his­to­rique. Ils sont appa­rus dans l’in­tro­duc­tion d’In Absentia Dei et à l’Acte IV.

 
 
 
 
 
Voir cette publi­ca­tion sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publi­ca­tion par­ta­gée par D.Szermanowicz (@sherman13)

Les Billets

Ces artistes et tech­ni­ciens ne tra­vaillant bien évi­dem­ment pas gra­tui­te­ment, Behemoth a dû mettre en place une billet­te­rie. Ils ont alors fait le choix de deux types de billets nor­maux en paral­lèle aux packs billet plus merchandising.

Pour un direct

L’un des billets nor­maux était pro­po­sé à 18 euros, il don­nait accès à une cap­ta­tion tra­di­tion­nelle avec choix des images fait par un réa­li­sa­teur. L’autre était pro­po­sé à 24 euros et don­nait accès à une cap­ta­tion où le spec­ta­teur avait le choix entre huit angles de camé­ras (dont grue, drone et homme-camé­ra) en com­plé­ment de la cap­ta­tion clé-en-main. Pour chaque type de billets, plu­sieurs niveaux de réso­lu­tion étaient dis­po­nibles allant de 240p à 2160p. Dans les faits, seule la vitesse de connexion du spec­ta­teur éta­blis­sait la réso­lu­tion de vision­nage. D’ailleurs avant le début du concert, un aver­tis­se­ment expli­quait le fonc­tion­ne­ment et les manœuvres à faire en cas de sou­cis. Un chat avait aus­si été mis en place pour que les spec­ta­teurs puissent vivre le moment ensemble s’ils le sou­hai­taient. Tout avait donc été fait du côté du groupe et de son staff pour une soi­rée sans accro.

https://​www​.face​book​.com/​o​f​f​i​c​i​a​l​n​e​r​g​a​l​/​v​i​d​e​o​s​/​1​6​6​8​2​8​3​2​5​6​6​6​5​112

Pour un replay

En par­lant d’ac­cro, pour les besoins de la scé­no­gra­phie, le concert polo­nais devait être retrans­mis après le cou­cher du soleil. Le choix du groupe s’est donc por­té sur un début de l’é­vè­ne­ment pour 20h. Alors qu’en Europe, cette heure était par­faite, elle l’é­tait moins pour les spec­ta­teurs vivant à l’autre bout de la pla­nète. Dans ces condi­tions, Behemoth a eu l’in­tel­li­gence de pro­po­ser un sys­tème de VOD quelques minutes après le live strea­ming. De sur­croît, cette dif­fu­sion en VOD valable 72 heures après la fin de la retrans­mis­sion était acces­sible pour ceux ayant raté le direct avec un ticket à 18 euros. Notons que la ver­sion pro­po­sée en VOD était uni­que­ment la ver­sion Director’s cut.

D’après les dires de Nergal dans une inter­view pour la chaîne Youtube du Knotfest, cette stra­té­gie de billet­te­rie avait per­mis au groupe dès le 28 août de s’ap­pro­cher de l’é­qui­libre financier.

Transcender les concerts

Vouloir faire d’In Absentia Dei un « live cine­ma­tic event », c’est bien mais dans les faits, il faut plus qu’a­voir le choix de la camé­ra. Il est avant tout néces­saire d’a­voir un conte­nu à la hau­teur pour trans­cen­der les concerts et les live strea­ming basiques.

L’Entrelacement concert et cinématique

Concernant le conte­nu du concert, soyons clairs, la pré­sence de ciné­ma­tiques scé­na­ri­sées pour ponc­tuer un concert n’est pas une nou­veau­té. On les retrouve notam­ment lors des tour­nées d’Acid Black Cherry. De même la pré­sence d’ar­tistes sur scène est du déjà-vu. Pour les concerts de Black Metal, cela a été fait notam­ment par Cradle of Filth. Par contre ce que Behemoth a su faire est d’a­dap­ter un concert à une dif­fu­sion en live sur inter­net et de manière mon­diale. Ils ne se sont pas conten­tés de fil­mer leur concert et de le retrans­mettre. Ils ont pris des élé­ments de concert puis les ont retra­vaillés en uti­li­sant les pos­si­bi­li­tés offertes par ce type de pres­ta­tion et par la tech­no­lo­gie. Les artistes aux­quels ils ont fait appel ont donc des plans fil­més en avance et des plans en direct mais tout s’in­tègre de manière fluide comme si la cap­ta­tion avait eu lieu au même moment.

Le Placement

De plus les artistes invi­tés ont pris pos­ses­sion de l’es­pace. Ils ne sont pas sur scène au côté des musi­ciens mais dans la nef de l’é­glise et à l’ex­té­rieur. Et même si sur la ver­sion mul­ti­cam, l’homme-camé­ra a pu être vu, glo­ba­le­ment tout ce qui était camé­ra et tech­nique a été habi­le­ment dis­si­mu­lé par les élé­ments de décor ou par le choix des angles de vue. Les chan­ge­ments de posi­tion et de tenue pour les membres du groupe ont été plei­ne­ment inté­grés à la dif­fu­sion des ciné­ma­tiques. Il y a eu juste un bout de coiffe visible lorsque Nergal est des­cen­du de la tri­bune pour rejoindre le groupe lors de Chwała Mordercom Wojciecha. En par­lant de Nergal, le fait qu’il inter­agisse habi­tuel­le­ment peu avec son public lors des concerts est un atout pour ce for­mat de dif­fu­sion. Lorsque l’on assiste à un concert de Behemoth, c’est comme assis­ter à une messe. Le prêtre prêche et les fidèles écoutent.

Par contre, ce for­mat a deman­dé un plus gros tra­vail dans le choix des mor­ceaux. Là où une tour­née post-sor­tie d’al­bum a l’in­té­gra­li­té voire 99% de la set­list rem­plie par l’al­bum en ques­tion, pour ce type d’é­vè­ne­ment, il est néces­saire de trou­ver une logique sinon nous ne sommes plus dans un live cine­ma­tic event. Pour autant, Behemoth a pris en amont le pouls du public sur les mor­ceaux aimés/attendus. On en res­sort avec dix-neuf ans de musique par­cou­rus en presque deux heures et sui­vant un scé­na­rio précis.

La Consécration par l’Apocalypse

Le concert In Absentia Dei (c’est-à-dire en l’ab­sence de Dieu) a été scé­na­ri­sé par Nergal et Dariuz Szermanowicz. Il se com­pose de quatre actes. Dans les vidéos de tea­sing, Behemoth l’a décrit comme une expé­rience ciné­ma­tique. En y regar­dant de plus près, les mor­ceaux choi­sis et leur ordre font sens bien qu’ils viennent de dif­fé­rents albums. Ce n’est pas évident à faire quand les mor­ceaux et les albums n’ont pas été créés dans cet optique. Tout de même, Nergal a réus­si à nous pro­po­ser deux scé­na­rios en paral­lèle. D’un côté se déroule l’Apocalypse, de l’autre la consé­cra­tion impie d’une église, le tout sau­pou­dré de croyance de la Thelema.

Acte I : Le Réveil

Les quatre cava­liers de l’introduction avec leur éten­dard et leur masque de mort évoquent les quatre cava­liers de l’Apocalypse. Le choix de mettre le che­val blanc en tête de la troupe n’est pas un hasard. Lors de l’Apocalypse, le pre­mier sceau bri­sé et donc le pre­mier cava­lier à appa­raitre est celui de la Conquête et son che­val blanc. Même si dans cette intro­duc­tion, aucun des cava­liers ne porte son sym­bole (arc, épée, balance), l’arc se retrouve en intro­duc­tion de l’Acte IV. Il est por­té par Orion. On note éga­le­ment ici une réfé­rence au chas­seur grec Orion, amant de la déesse de l’Aube.

 

 

Le Bleu divin

Attirés par la fumée se déga­geant du clo­cher d’une église, ces cava­liers s’y dirigent et y entrent à la nuit tom­bée.  Le concert com­mence alors dans une lumière bleue. Ce bleu est res­té pré­sent tout au long de l’Acte I. Le bleu est une cou­leur divine, celle des Cieux, celle de la Vierge Marie. Lors de l’in­ter­pré­ta­tion du pre­mier mor­ceau (« Evoe »), ce bleu est asso­cié au blanc don­nant une impres­sion de froid gla­cial. Il règne donc une atmo­sphère froide et divine dans l’é­glise. Le second mor­ceau, « Wolves ov Siberia », ajoute du vio­let à ce bleu divin. Le début du réveil, de la rébel­lion. Puis avec Prometherion, l’am­biance est jaune et blanche. Avec « From the Pagan Vastlands », la lumière de l’église est bleue mais des lumières jaunes pénètrent dans l’é­glise depuis l’ex­té­rieur comme un esprit enva­his­seur, celui du Prometherion.

 

 
 
 
 
 
Voir cette publi­ca­tion sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publi­ca­tion par­ta­gée par Grupa #13 (@grupa13official)

L’Esclave de Dieu

Les lumières ne sont pas les seules à racon­ter une his­toire. Dans « Evoe », le mor­ceau d’in­tro­duc­tion, les paroles « Thou art the begin­ning and the end / Alpha and Omega / The crea­tion and remains » rap­pellent le début de l’Apocalypse de Jean : « Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, / dit le sei­gneur Dieu, /Celui qui est et qui était et qui vient,  / le Puissant-sur-tout. » « Evoe » est aus­si une réfé­rence à la der­nière scène de Faust II de Goethe. Cette par­tie a pour thé­ma­tique la trans­fi­gu­ra­tion de Faust. La trans­fi­gu­ra­tion qui n’est autre qu’un éveil. Faust s’é­veille en réa­li­sant qu’il est humain et qu’il étreint son huma­ni­té, son démo­nique. C’est aus­si le pro­pos de « Wolves ov Siberia », « Prometherion » et de « From Pagan Vastland ». L’Homme n’est pas un esclave, un être pas­sif aux ordres d’un dieu, il doit réa­li­ser ce qu’il est et agir en consé­quence, deve­nir maître de son propre des­tin, « from Slave to king, from king to man ».

Acte II : La Lutte

L’Acte II com­mence avec la scène de l’en­cen­soir. Cet encen­soir asso­cié au mor­ceau « Blow your Trumpets Gabriel » est une évo­ca­tion du pas­sage dans l’Apocalypse de Jean des sept mes­sa­gers souf­flant dans leur trom­pette pen­dant qu’un hui­tième tient un encen­soir. À chaque fois qu’un mes­sa­ger souffle dans sa trom­pette, une catas­trophe se déclenche. D’ailleurs cet Acte II orné de lumières jaunes et rouges est comme une évo­ca­tion de la guerre, de la conquête. Le signal reten­tit, les armes sont prises, une lutte com­mence, un chef apparaît.

 
 
 
 
 
Voir cette publi­ca­tion sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publi­ca­tion par­ta­gée par Grupa #13 (@grupa13official)

Il est inté­res­sant de voir que pour le mor­ceau « Conquer all », les lumières ne sont plus jaunes et rouges mais mauves, bleu­tés avec des lumières jaune pâle pro­ve­nant de l’ex­té­rieur. C’est comme si les lumières bleues repré­sen­taient le côté divin du lieu. En deve­nant mauve, cette divi­ni­té montre des signes de souillures, une souillure dont l’o­ri­gine est exté­rieure (les lumières jaunes). Ensuite avec le mor­ceau « Lucifer », l’é­glise se pare de nou­veau de rouge. Après la prise de pos­ses­sion des lieux par ses hérauts, les cava­liers de l’Apocalypse, c’est à lui, Lucifer, d’en­trer dans le lieu saint.

Acte III : L’Harangue de Lucifer

L’Acte III s’ouvre sur un rituel de sus­pen­sion, une cru­ci­fixion aérienne. Puis, avec « Oro Pro Nobis Lucifer », les flammes se greffent à la scé­no­gra­phie alors que jus­qu’à pré­sent le feu était conte­nu dans des bra­se­ros devant la scène. Là, il se trans­forme en torche, en pro­jec­tion de feu. Les lumières prennent aus­si la cou­leur du feu : rouge, orange, jaune. Pour « Satan’s Sword », des sur­im­pres­sions d’anges et de crâne appa­raissent régulièrement.

 
 
 
 
 
Voir cette publi­ca­tion sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publi­ca­tion par­ta­gée par Adam Nergal Darski (@nergal69)

Avec ces sept mor­ceaux, l’Acte III est le plus four­ni. Pour intro­duire le mor­ceau cen­tral, « Chwała Mordercom Wojciecha », un iris rouge semble fixer le spec­ta­teur avec un côté très tol­kie­nesque. Là-des­sus, méga­phone à lampe dans la main, Nergal harangue les foules depuis la tri­bune de l’é­glise, pen­dant que des textes sont pro­je­tés sur les murs. Cette tri­bune est ornée de ban­nières paro­diant celles nazis. Puis, avec ses baguettes de feu, il joue les chefs d’or­chestre ras­sem­blant son armée en rythme. L’Acte III se ter­mine fina­le­ment par une prière, le « Chant for Ezkaton 2000 E.V. ».

Acte IV : Le Règne des Hommes

Pour l’Acte IV, depuis les voûtes de l’é­glise, Orion, le chas­seur, enflamme de sa flèche la croix béhé­mo­thienne mar­quant la prise de pos­ses­sion des lieux. Avec le titre « Sculpting the Throne of Seth », Ra Hoor Khuit, l’en­fant cou­ron­né et conqué­rant, s’a­dresse aux Hommes (les fils de Seth). Il incite les Hommes à se libé­rer des chaînes de Dieu ouvrant ain­si l’Éon de Horus, son ère, une ère où les Hommes sont maîtres d’eux-mêmes et de leur des­tin. S’en suit l’in­vo­ca­tion de Bartzabel, l’es­prit de Mars, dieu de la guerre. Cette invo­ca­tion s’ins­crit dans le Thelema, une reli­gion inven­tée par Aleister Crowley.

 
 
 
 
 
Voir cette publi­ca­tion sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publi­ca­tion par­ta­gée par Grupa #13 (@grupa13official)

Behemoth pour­suit le concert avec le mor­ceau « Decad of Therion ». Tout comme Bartzabel, Therion fait par­tie du sys­tème de croyance du Thelema. Therion est la Bête de l’Apocalypse. Comme Aleister Crowley, pro­phète de l’Éon d’Horus, est aus­si qua­li­fié de Bête de l’Apocalypse, cela fait de Therion le pro­phète de l’Éon d’Horus. L’Éon d’Horus est une ère ayant com­men­cé en 1904 et basée entre autres sur la réa­li­sa­tion de soi, donc une ère de l’Homme.

La Flamme qui brûle dans le cœur des Hommes

Le por­teur de lumière, le cava­lier solaire ouvre le der­nier mor­ceau de l’Acte IV. In Absentia Dei se ter­mine alors sur une prière à Satan. Satan (lumière blanche) a fina­le­ment rem­pla­cé Dieu dans cette église. L’église est en feu. Les Hommes ont repris leur libre arbitre et se sont ran­gés du côté de l’Accusateur pour com­battre Dieu. Ici, Satan n’est pas une divi­ni­té mais comme l’in­dique le terme Hadit dans la chan­son « O Father O Satan O Sun », il s’a­git de l’es­prit inté­rieur de l’Homme. Dans le Book of the Law, Aleister Crowley défi­nit ain­si le Hadit : « I am the flame that burns in eve­ry heart of man, and in the core of eve­ry star. I am Life, and the giver of Life, yet the­re­fore is thek­now­ledge of me the know­ledge of death. » (cha­pitre II, vers 6) et il ajoute au vers 23 : « I am alone : there is no God where I am. » On pour­rait même par­ler d’es­prit cri­tique et d’es­prit libre. C’est cela l’Apocalypse, la Révélation, il n’existe pas de Dieu, seule­ment des Hommes.

La Révélation de l’Homme

D’un tour­nage ayant eu lieu dans une ambiance de fes­ti­val under­ground ukrai­nien, il n’en res­sort qu’un show léché. Projection d’i­mages, pyro­tech­nique, pla­ce­ment des musi­ciens et des artistes, choix des mor­ceaux, enchaî­ne­ments, tout est aux petits oignons. Pour une pre­mière, Behemoth s’en sort donc haut-la-main que ce soit du côté tech­nique ou artis­tique. Nergal a su offrir un show de qua­li­té et il est arri­vé à nous entrai­ner dans son histoire.

Somme toute, il n’est guère éton­nant que de nom­breux spec­ta­teurs réclament une sor­tie en DVD d’In Absentia Dei. Nergal avait déjà évo­qué une telle sor­tie mais depuis novembre et l’an­nonce de l’ap­pro­ba­tion finale avant l’en­voi en pro­duc­tion du mas­ter, plus aucune nou­velle. Attend-il une oppor­tu­ni­té ? La reprise effec­tive des concerts et tournées ?

Dans tous les cas, une chose est cer­taine : Behemoth a démon­tré qu’un groupe de métal peut trans­cen­der les concerts en live strea­ming. Il ne reste qu’aux autres artistes et tour­neurs de suivre le mou­ve­ment et de nous pro­po­ser leur ver­sion du concert 2.0.

 

 
 
 
 
 
Voir cette publi­ca­tion sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publi­ca­tion par­ta­gée par Adam Nergal Darski (@nergal69)

 

Setlist

Acte I

Evoe (A Forest)
Wolves ov Siberia (ILYAYD)
Prometherion (The Apostasy)
From the Pagan Vastlands (Thelema 6)

Acte II

Blow your Trumpets Gabriel (Satanist)
Antichristian Phenomenon (Thelema 6)
Conquer all (Demigod)
Lucifer (Evangelion)

Acte III

Oro Pro Nobis Lucifer (Satanist)
Satan’s Sword (Pandemic Incantation)
Ov Fire and the Void (Evangelion)
Chwała Mordercom Wojciecha (Pandemic Incantation)
As Above so Below (Zos Kia Cultus)
Slaves shall serve (Demigod)
Chant for Ezkaton 2000 E.V. (Satanica)

Acte IV

Sculpting the Throne of Seth (Demigod)
Bartzabel (ILYAYD)
Decad of Therion (Satanica)
O Father O Satan O Sun (Satanist)

Édit : In Absentia Dei sor­ti­ra en ver­sion phy­sique le 17 décembre 2021. Attention, toutes les ver­sions phy­siques ne contiennent pas la cap­ta­tion du live. Celle-ci ne sera pré­sente que sur la ver­sion Bluray/CD. Les ver­sions CD et vinyle se contentent d’un live audio.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Retour en haut